Comment s’appuyer sur les limites planétaires pour bâtir votre stratégie biodiversité ?
Si vous vous posez la question, vous êtes au bon endroit.
Les limites planétaires définissent les seuils physiques à ne pas dépasser pour continuer à vivre sur terre dans les conditions que l’on connaît. Ces limites font référence à 9 paramètres vitaux qui concernent le climat, l’eau, les sols, l’atmosphère etc. Aujourd’hui, 6 des 9 limites seraient dépassées.
Voici le détail des limites planétaires et surtout les modalités pour agir via des stratégies d’investissement :
Le changement climatique
Le réchauffement climatique atteint aujourd’hui des niveaux qui vont au delà de ce qui est sans risque pour l’habitabilité de LA planète. Ce dépassement implique un dérèglement climatique qui a de nombreuses conséquences : hausse des températures, événements climatiques extrêmes, montées des. océans disparition des espèces etc.
Le changement climatique impacte aussi d’autres limites planétaires comme par exemple celle du cycle de l’eau, qui inclut les rivières et les nappes phréatiques qui s’assèchent.
Comment intégrer la limite planétaire du changement climatique dans une stratégie des investissements ?
Il faut réduire l’impact des investissements sur le climat c’est à dire engager les entreprises à réduire leur empreinte carbone en ligne avec l’accord de Paris si possible
Vous pouvez aussi investir dans des investissement “verts” pour contribuer à la neutralité carbone ou à la transition énergétique.
- Le changement d’usage des sols
Cette limite fait référence à la conversion des forêts ou des prairies en zones de culture ou en zones urbaines.
la déforestation et plus généralement le changement d’utilisation des sols réduit la capacité des forêts et des sols à jouer leur rôle de puits de carbone indispensable à la régulation du climat. Cela impacte aussi la biodiversité, c’est à les dire les espèces animales, leur habitat, leur capacité de reproduction.
Comment intégrer la limite planétaire du changement d’utilisation des sols dans une stratégie des investissements ?
Vous pouvez par exemple exclure ou engager les entreprises à l’origine de la déforestation
Vous pouvez inciter fortement les entreprises dans l’agroalimentaire ou la cosmétique à mettre en place des mesures de prévention de la déforestation ou la mise en place de certifications de non déforestation des matières premières utilisées .
De plus en plus d’outils et de plateformes cartographient les zones de déforestation, classent les entreprises selon leur politique vis-à-vis de la déforestation.
Vous pouvez aussi allouer des flux financiers à la reforestation.
- Le cycle de l’eau.
Les activités humaines ont complètement déréglé une partie du cycle de l’eau c’est à dire le parcours des eaux de pluie vers les lacs, les nappes phréatiques, les océans et les mers.
On observe par un assèchement de certaines rivières ou mers comme la mer d’Aral,
Certaines nappes phréatiques dans des zones de production agricoles en Chine, en Inde, au Mexique ou en France déclinent de manière structurelle. Ceci a donc un impact direct sur l’habitabilité de la planète.
Comment intégrer la limite planétaire du cycle de l’eau dans la stratégie des investissements ?
Un des éléments centraux est de vérifier que les entreprises très consommatrices d’eau ne puisent pas de l’eau dans des zones de stress hydrique, et de vérifier qu’elles mettent en oeuvre des mesures réelles pour réduire leur consommation;
Vous pouvez commencer par vous baser sur les secteurs les plus consommateurs d’eau. Des investissement dirigés vers des entreprises qui permettent de faire des économies d’eau participent à réduire les pressions sur le cycle de l’eau.
- L’acidification des océans :
Les océans absorbent le CO2 dans l’air en le dissolvant. L’absorption de quantités élevées de CO2 conduit à l’acidification des océans, qui conduit à la perte d’espèces marines.
Si l’océan est trop acide, les espèces ne parviennent pas à fabriquer correctement leur coquille, ils disparaissent ce qui conduit aussi à la perturber la chaîne alimentaire marine
Comment intégrer la limite planétaire de l’acidification des océans dans la stratégie des investissements ?
Cette limite n’est pas évidente…
Un grand nombre d’actions visant à réduire le changement climatique permettent de réduire l’acidification des océans par ricochet.
Ensuite, vous pouvez aussi investir dans des actions de restauration et de protection de la biodiversité marine.
- La pollution et les “entités nouvelles”
Les “entités nouvelles” ce sont les molécules polluantes ou matériaux comme les plastiques, les biocides, les insecticides, les métaux lourds, les solvants… qui dégradent l’environnement au sens large.
L’environnement au sens large c’est l’atmosphère, les sols, l’eau douce, les océans etc.
Aujourd’hui, tous les milieux sont pollués et le niveau de pollution atteint des seuils qui nous exposent à des risques importants.
Comment intégrer la limite planétaire des nouvelles pollutions chimiques dans la stratégie des investissements ?
En identifiant les entreprises les plus polluantes, et en les engageant à réduire l’usage de polluants, et à changer leurs méthodes de production.
Vous pouvez cibler plastique par exemple en engageant les entreprises à réduire leurs emballages, à recycler les plastiques utilisés, à utiliser des alternatives au plastique ou à promouvoir le réemploi.
Vous pouvez aussi cibler les pesticides en engageant les sociétés à les réduire ou à exclure les sociétés qui utilisent ou rejettent des produits dangereux.
- L’érosion de la biodiversité, au sens des espèces ou “intégrité de la biosphère”.
Le déclin rapide et massif des espèces animales et végétales sur les 50 dernières années caractérise ce qu’on appelle la 6e extinction de masse.
Plus d’un million d’espèces est menacé d’extinction et la vitesse à laquelle les espèces s’éteignent n’a pas eu d’équivalent au cours des 10 derniers millions d’années.
C’est évidemment lié au réchauffement climatique qui dégrade les conditions de vie des espèces, à l’acidification des océans qui tue les molusques, à la perturbation du cycle de l’eau douce qui assèche les sols et dégrade les conditions de vie des espèces, au changement d’utilisation des sols qui oblige les espèces à migrer et bien sûr à la pollution qui les tue tout simplement les espèces
Le déclin de la biodiversité menace la santé des sols, de l’eau et du bien-être humain.
Comment intégrer cette limite planétaire de l’érosion de la biodiversité dans une stratégie d’investissement ?
Les actions dirigées pour lutter contre le réchauffement climatique, moins impacter le cycle de l’eau douce, la conversion des sols et la pollution ont des impacts positifs sur la biodiversité.
En terme d’investissement, vous pouvez aussi investir dans des projets ou des fonds qui régénèrent la nature et qui protègent cette biodiversité.
Si vous faites de l’infrastructure, vous pouvez aussi mettre en place des pratiques de protection de la biodiversité en particulier si vous financez la construction de barrages ou de routes.
- Le cycle de l’azote et du phosphore
L’azote et le phosphore sont deux nutriments importants pour les plantes.
Les agriculteurs traitent leur culture avec du phosphore et de l’azote (c’est à dire l’engrais).
L’agriculture en rejette de plus en plus et que ces flux d’azote et de phosphore ne sont pas tous absorbés par les cultures; le surplus se retrouve dans les sols et les rivières, ce qui provoque par exemple la prolifération d’algues, qui détruisent les écosystèmes.
On atteint aujourd’hui plus du double des valeurs limites sur cette limite planétaire. cela a des impacts sur la fertilité du sol, le cycle de l’eau et le réchauffement climatique.
Comment intégrer cette limite planétaire des perturbations des cycles de l’azote et du phosphore dans une stratégie d’investissement ?
En encourageant des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, qui limitent le recours aux engrais chimiques.
Certaines pratiques agricoles utilisent des engrais à libération lente ou des méthodes d'agriculture de précision.
Ensuite, certaines entreprises développent des technologies pour récupérer et recycler l'azote et le phosphore à partir de déchets.
- La “concentration atmosphérique en aérosols”, c’est à dire la quantité de particules liquides ou solides en suspension dans l’air.
Ces particules sont issues de la combustion d’énergies fossiles, des transports et des émissions industrielles.
On ne sait pas définir de seuil critique sur cette limite planétaire, donc on ne sait pas si elle est dépassée. Ce qu’on sait, c’est que la pollution de l’air provoque de nombreux décès chaque année.
Comment intégrer cette limite planétaire de la concentration atmosphérique en aérosols dans une stratégie d’investissement ?
Et bien en excluant certains types d’industries lourdes, le charbon et certaines activités agricoles
Des investissements dans des technologies propres, des technologies de contrôle des émissions d’aérosols, ou dans des entreprises produisant des filtres à particules sont aussi un moyen de réduire la concentration d’aérosols dans l’atmosphère.
- L**’appauvrissement de l’ozone stratosphérique**
La couche d’ozone protège la terre des rayons du soleil; cette couche d’ozone a été très perturbée par l’émission de gaz CFC, utilisés dans les produits réfrigérants dans les années 90.
Et la bonne nouvelle c’est qu’on a réussi à stopper la dégradation de la couche d’ozone.
Ces gaz ont été interdits et la situation s’est globalement améliorée.
Aujoud’hui, cette limite de l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique n’est donc pas dépassée.
Il est donc possible de stopper la dégradation de certaines limites !
Vous l’avez remarqué, les limites planétaires sont interconnectées. La dégradation d’un élément a des répercussions sur les autres. C’est pour cette raison qu’utiliser le concept des limites planétaires fait beaucoup de sens pour structurer sa stratégie biodiversité. C’est aussi pour cette raison qu’une bonne stratégie biodiversité intègre la stratégie climat.
Une bonne pratique consiste à mettre en place UNE stratégie que l’on peut appeler “environnementale” ou que l’on peut appeler “stratégie nature” qui inclut à la fois le climat, les sols, l’eau, la pollution, la déforestation, les espèces, etc.